«
Si, comme moi, vous avez analysé en profondeur la situation financière de cette
entreprise et si, comme moi, vous avez....., alors, comme moi, vous serez en
mesure de conclure que.... »
L'analyse
de cet argument, qui au demeurant est habituellement très convaincant, permet
d'identifier une première structure logique simple dont la forme est « Si
l'analyse A est réalisée, alors la proposition B est bonne ».
Dans le schéma argumentatif mis en oeuvre, il y a
plusieurs formes de renforcement. La première est la formation d'une conjonction
: si l'analyse A est réalisée et si l'analyse B est réalisée et
si l'analyse C est réalisée et... Au fur et à mesure, les chances
qu'un interlocuteur ait réalisé toutes ces analyses s’amenuisent. La mise en
proximité de l'interlocuteur avec l'énonciateur par utilisation répétée de «
comme moi
» amène naturellement
l'interlocuteur à comparer son propre travail avec celui qui a été réalisé par
l'énonciateur. L'utilisation de « en profondeur » suggère que l'analyse réalisée par l'énonciateur est
probablement de qualité.
L'essentiel de l'argument est cependant ailleurs. Voici
sa structure complète :
1. Si
vous aviez vraiment bien réalisé toutes ces analyses, alors la conclusion B
s'imposerait à vous
2. mais
comme vous n'avez probablement pas réalisé toutes ces analyses, alors vous ne
pouvez pas vraiment apprécier la qualité de la proposition B
3. donc
puisque je suis le seul à avoir bien réalisé toutes ces analyses, vous devez me
croire sur parole lorsque j'affirme B est une bonne proposition. (Il y a
d'autres variantes, selon la logique à laquelle on fait intuitivement
appel)
Pour résumer l'essentiel de l'argument,
La négation de B, la proposition soutenue par
l'énonciateur, par un interlocuteur implique que celui-ci n'a, de fait, réalisé
qu'un travail superficiel.
Comme généralement personne n'accepte
implicitement d'affirmer qu'il ou elle n'a pas effectué un travail en
profondeur, les chances qu'une contre argumentation soit développée sont
particulièrement faibles.
Cette forme d'argument manque à l'évidence de pertinence. Une proposition n'est pas bonne (ou mauvaise) parce que celui qui la propose a longuement oeuvré à sa conception. Il s'agit d'une forme de recours à une forme autorité. L'image traditionnelle de l'autorité est celle d'une personne dont la réussite professionnelle est une évidence aux yeux de tous. C'est, par exemple, celle d'un savant honoré par ses pairs et d'un âge déjà avancé. La représentation mentale du labeur intellectuel, les années accumulées à explorer les choses, se confond avec celle de l'érudition dont le territoire mental recouvre celui de la vérité, de la validité d'une proposition. Le glissement du travail vers la vérité s'appuie également sur la conception sur laquelle la vérité ne se révèle qu'à l'issue d'une quête souvent longue et laborieuse.
Cette forme d'argument manque à l'évidence de pertinence. Une proposition n'est pas bonne (ou mauvaise) parce que celui qui la propose a longuement oeuvré à sa conception. Il s'agit d'une forme de recours à une forme autorité. L'image traditionnelle de l'autorité est celle d'une personne dont la réussite professionnelle est une évidence aux yeux de tous. C'est, par exemple, celle d'un savant honoré par ses pairs et d'un âge déjà avancé. La représentation mentale du labeur intellectuel, les années accumulées à explorer les choses, se confond avec celle de l'érudition dont le territoire mental recouvre celui de la vérité, de la validité d'une proposition. Le glissement du travail vers la vérité s'appuie également sur la conception sur laquelle la vérité ne se révèle qu'à l'issue d'une quête souvent longue et laborieuse.
On trouvera dans le monde politique (et dans celui des entreprises) des arguments
similaires : cela fait plus de 6 mois que notre commission travaille sur ce
dossier... Ce travail est le fruit des efforts de plusieurs dizaines de
personnes de grande qualité.... Il ne suffit pas de travailler plus pour avoir raison! Cet argument d'autorité manque de pertinence.